La route – Cormac Mac Carthy
Publié le 1 Septembre 2009
La terre a subi une catastrophe, la cendre a recouvert le sol et envahit l’air jusqu’à polluer la lumière du soleil. Il subsiste quelques rescapés mais l’environnement n’est que désolation. De nombreuses espèces animales ont disparu, on ne sait même pas s’il en reste. La nourriture se fait de plus en rare.
Un homme et son fils errent sur la route poussant un caddie contenant de quoi essayer de survivre. Ils se dirigent vers le Sud espérant trouver la chaleur.
On ne sait pas exactement ce qui s’est passé mais le savoir n’est pas le but de l’histoire. On suit ici deux êtres humains à la recherche de nourriture, de conditions plus favorables. C’est une quête pour la survie mais aussi de conservation d’humanité, de moralité, de valeurs.
L’homme et l’enfant sont des anonymes, ils pourraient être n’importe qui. On sait simplement que ce sont des gentils. Mais que sont les méchants ? Quand je l’ai compris, j’ai commencé à voir l’ampleur de l’horreur d’être en manque de nourriture.
Quand il est question de survivre, l’homme comme tout animal est prêt à tout. Il se déshumanise et retrouve son instinct primaire avec des proies et des prédateurs. Dans ces conditions, l’humanité (dans le sens bonté, sensibilité, compassion) est-elle amenée à disparaitre ? Survivre est-il un terme impitoyable qui ne laisse pas de place aux bons sentiments et qui justifie les pires actions ?
Ce livre est sombre par l’environnement, par l’ambiance, par la peur éprouvée par les deux protagonistes, par la crainte de croiser des « méchants », par l’angoisse de mourir de faim, de prendre froid... Ma tristesse a été accentuée de voir ce petit garçon embarqué dans cette galère. Les dialogues simplistes entre le père et l’enfant ont d’ailleurs accentué ma peine. J’avais envie de serrer très fort ce petit garçon dans mes bras et pouvoir lui répéter que tout s’arrangerait, que ce n’était rien. Je pense d’ailleurs que c’est cet ange qui donne tout l’intérêt au livre. Il est l’éclat du soleil dans cette brume de cendre. Sans lui, je ne doute pas que l’homme aurait baissé les bras depuis longtemps et l’histoire n’aurait plus lieu d’être. La faim et l’instinct de survie nous amène à redevenir de véritables animaux, nous entretuant. Tout l’espoir dans le livre vient de ce petit garçon. Alors que son père se laisse aller au défaitisme, son amour pour son fils, pour ce petit bout qui reste d’une humanité sans faille, d’une générosité merveilleuse, lui permet de rester humain, de se priver pour lui, de ressentir de la pitié, des remords. Alors que la fin est proche, la maladie présente, la famine menaçante, les cannibales omniprésents, ce petit amour s’efforce de penser que tout homme rencontré est potentiellement un gentil et que par conséquent il faut l’aider. Ils n’ont rien, ils sont la proie d’une chasse cannibale, sa bonté n’est jamais altérée. Sans lui et cet esprit, que serait devenu son père ?
J’ai terminé le livre sur pleins d’interrogations. Je me suis demandée que deviendrait l’humanité après une catastrophe pareille ? Le côté optimiste du livre espère me faire croire que tant qu’il y a des personnes comme ce petit garçon, le côté humain de l’homme est sauvé. Je suis malheureusement plus pessimiste. J’ai bien peur que notre esprit de survie prédomine sur le reste.
En bref, une lecture qui a été très rapide et qui m’a beaucoup touchée. Je ne suis pas sure qu’il valait vraiment le prix Pulitzer mais qu’importe c’était un livre très agréable à lire malgré les sentiments qu’il entraine.
Par contre, je crois que j'aurais préféré lire la version originale, les remerciements du traducteur à la fin me font un peu peur.
Un super article sur le livre : http://nicolasfurno.com/wordpress/2009/03/08/la-route-mccarthy/