De l'amour et autres démons - Gabriel Garcia Marquez
Publié le 20 Mars 2006
Sierva Maria a 12 ans
lorsqu’elle est mordue par un chien enragé. Les symptômes tardent à venir mais lorsque les premières infections et troubles apparaîssent, on découvre l’impuissance des médecins de l’époque face à
la rage. Elle subira beaucoup de traitements, certains censés et d’autres totalement farfelus digne des meilleurs imposteurs qui utilisent la détresse des autres pour se faire remarquer. Puis,
Sierva Maria commence à être prise de compulsion, on dit que la rage transmis par l’animal amène la victime à devenir elle même animal. Mais les religieux de ce lieu voient dans ces compulsions
la marque du diable. Le marquis de Casalduero est alors contraint d’accepter de faire enfermer sa fille au couvent. Delaura, responsable de la bibliothèque de l’évêché, devient son exorciste.
Celui ci tombe amoureux de la jeune fille.
L’histoire se termine en apocalypse. Je n’ai jamais lu une fin si sombre. Elle glace le sang. Mais après tout « les histoires d’amour finissent mal ... en général » (Rita Mitsouko).
Du point de vue de l’écriture, je pensais que ce serait un livre très vite lu et en fait, il m’a fallu pas mal de temps. Les choses ne sont pas toujours dites clairement et il y a une partie de l’histoire qu’il faut déduire entre les lignes. J’ai parfois eu du mal à comprendre la chronologie de l’ensemble et notamment la vie du marquis. Mais une fois cette étape passée, on se régale. L’écriture est exceptionnelle. Certaines scènes qui devraient être pénibles sont décrites avec des mots qui font tourner la douleur des personnages en ridicule ou comique.
Par exemple, Gabriel Garcia Marquez nous explique à un moment, les maux terribles dont souffre la mère de Sierva maria. On devrait avoir mal pour elle, on devrait imaginer une femme se tordant de douleur mais les mots utilisés pour la description nous amène à rire de la scène voir même à nous moquer de cette femme. L’auteur utilise très bien certains mots peu usités et chaque mot semble avoir été scrupuleusement choisi. Félicitation à Annie Morvan pour la traduction qui n’a pas dû être toujours facile mais le résultat est impressionnant.
Du point de vue idéologie, l’auteur retranscrit très bien cette peur des religieux face à ce qu’ils ne connaissent pas et qui sort du comportement « normal ». une victime d’une maladie peu connue et inguérissable à l’époque, devient un être possédé par le diable qu’il faut exorciser. Un médecin devient dans beaucoup de cas un hérétique qu’il faut brûler. Ici, la rage est considérée comme une facette du malin, et si l’on n’arrive pas à sauver le corps, du moins pensent-ils avoir sauvé l’âme. Un peu barbare quand même non? On retrouve d’ailleurs toujours ce genre de stupidités encore de nos jours dans quasiment toutes les croyances. Croire est censé faire du bien aux gens pas les traumatiser, leur faire penser qu’ils sont mauvais, possédés et encore moins leur faire penser qu’ils doivent mourir. Aux gens maintenant, de faire attention à ce qu’on peut leur dire ou leur faire croire, simplement parce que c’est parole de « guide ». A eux de trouver, personnellement, leur idéal et non aux autre de leur « suggérer ».
Quelques passages que j’ai retenu :
(Delaura en parlant de l’Amour) : C’est le démon, mon père, le pire de tous.
(Le beau père du marquis) : Aucun fou n’est fou tant que l’on se plie à ses raisons.
(Delaura) : j’ai toujours pensé que l’Esprit Saint tenait l’amour pour plus important que la foi.