Une petite fille trop gâtée - Ann Rule
Publié le 23 Juin 2010
Que dire pour résumer ce livre, sinon reprendre le titre : Une petite fille trop gâtée qui ne voit pas la nécessité de grandir tant elle est choyée dans son monde
entourée d’adultes, qui ne rêve que d’un destin à la Scarlette O’Hara (quoi de plus normal en Géorgie ?) et qui, ne supportant pas de trouver des obstacles sur le chemin de ses rêves, les élimine
comme s’il allait de soi que rien ne devait se mettre en travers de sa route, sans cesse soutenue par une famille prête à tout sacrifier pour leur fabuleuse Pat qui ne réussira jamais à vivre LA
réalité. Voilà donc l’histoire, vraie, de ce qu’on aurait pu appeler une tueuse en série, si elle avait mené à bien la plupart des crimes entrepris, et ça fait froid dans le dos ! Le choix
narratif est intéressant. Il n’est pas sans rappeler Gabriel García Marquéz dans Chronique d’une mort annoncée : des années après les faits, on réunit à nouveau les témoignages pour retrouver la
trame de l’histoire, et on les agrémente des souvenirs des protagonistes, recueilli lors des recherches, rendus plus intéressants encore par le recul qu’ils ont à présent par rapports aux
différents drames. Chacune des huit parties du livres propose un éclairage nouveau sur diverses aspects de l’ affaire en offrant une focalisation différente et, bien que cela soit très
intéressant de voir comment les choses sont perçues différemment selon les personnes impliquées, cela peut donner une certaine impression de lourdeur à la narration du fait de la redondance de
certaines informations. Toutefois, tout cela devient anecdotique tant on se laisse prendre par l’habileté de l’auteur à dessiner peu à peu des personnages beaucoup plus complexes que les premiers
abords ne l’auraient laissé présager, ainsi qu’à distiller au compte-goutte, l’air de rien, les informations essentielles pour rentrer de plein pied dans la tragédie (ou les tragédies ?) qui
s’est jouée dans cette deuxième moitié du 20° siècle et dont la protagoniste était une femme née un siècle trop tard…